Quand nous avons lancé l’idée d’un dossier sur l’agriculture, avant même la sortie du premier numéro, nous n’avions pas la tête à la une. Alors quand il a fallu y réfléchir, on est restés penauds. Comment illustrer une telle diversité de parcours, de projets, d’enjeux ? Qui mettre en lumière, et quoi ? Les coopératifs de la ferme des Volonteux ? Marie-Andrée, la paysanne retraitée qui prend soin de ses pairs ? Martial, le jeune éleveur à qui il tarde de faire vieillir ses propres fromages ? Impossible de choisir. On a donc fait les choses dans l’autre sens, en partant des mots plutôt que des images. Au fond, ce que la rédaction a voulu vous montrer ce mois-ci, ce sont les évolutions, les changements, la relève dans la paysannerie française.
Banco, on s’est dit, allons trouver notre photo maintenant.
Camille Nivollet, notre iconographe, est partie au charbon. Le choix s’est affiné. Notre directrice artistique Élodie Cavel montait des unes à la pelle. De coups de cœur en prises de bec, notre choix s’est porté sur une éleveuse qui trait une vache. La couv en jetait. Mais le photographe a plombé l’ambiance. L’agricultrice en question s’était séparée de son compagnon, on n’était pas certains qu’elle soit encore dans le métier. Impossible d’utiliser l’image. Dans le choix de la une, de nouveaux sujets ont surgi, comme ces paysans qui arrêtent, par nécessité, besoin, survie, pour changer de vie.
Notre regard s’est finalement porté sur le travail de Victorine Alisse. En France et en Palestine, cette jeune photographe capture celles et ceux qui cultivent la terre, en veillant à leur donner la parole. La photo de couverture montre Manon, paysanne et boulangère de la ferme Graine & Grignote, en Picardie. Un visage parmi d’autres de la relève.
Reste une question essentielle. Pourquoi consacrer notre second numéro à l’agriculture ? L’importance de ce sujet pour l’avenir de l’humanité tranche avec le désintérêt médiatique qu’il subit. Le cadrage épisodique sur la « colère » des agriculteurs et la façon dont on traite celles et ceux qui nous nourrissent a quelque chose de lassant, trop souvent révoltant. Au moment de construire ce dossier, on a voulu mettre de côté les grands discours. Pour vous y plonger, on vous propose de faire comme nous : ouvrir les yeux et les oreilles.
Théo Moy et Paul Piccarreta, fondateurs du Cri
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